2000 - 2010 : Les grands projets
L'an 2000
Du 28 juillet au 31 août 2000 s’est concrétisé le quatrième raid d’envergure : nous avons franchit la chaîne mythique des TUMUC HUMAC (sud guyanais) et regagné MACAPA (capitale de l’état d’AMAPA au BRESIL) par le rio Jari et l’Amazone.
Ce périple, le plus important jamais réalisé par l’association, a vu la participation de beaucoup d’intervenants tant en GUYANE, en France métropolitaine, qu’en AMAPA (BRESIL).
L’intérêt du projet était à la fois scientifique, historique, culturel, pédagogique et sportif mais aussi l’occasion d’affirmer les liens qui existent déjà entre la GUYANE et l’AMAPA.
L’expérience et la connaissance du milieu forestier, animalier et fluvial amazonien acquises au cours des huit premières années de voyage dans cet univers ont offert de sérieux atouts aux membres de l’association. Tous passionnés par les raids en forêt amazonienne, les instigateurs ont mis toute leur énergie dans la préparation et la réussite de cette entreprise.
Mythes et rêves côtoient la dure réalité de la survie dans cette immense forêt tropicale, poumon de la planète : l’Amazonie. Les plus grands dangers s’opposent à la beauté immaculée de cette nature hostile qu’il faut arriver à comprendre pour mener à bien une expédition dans ce milieu.
de tous les explorateurs disparus dans la jungle amazonienne, les plus célèbres sont le colonel Anglais Percy FAWCETT (1925) et le Français Jules CREVAUX (1882). Plus près de nous, la malheureuse aventure de Raymond MAUFRAIS défraya la chronique française en 1950.

Le but de l'aventure
HISTORIQUE :
Sur les traces de CREVAUX
C’est en 1877 que Jules CREVAUX, aventurier dans l’âme, est le premier européen à franchir les « Tumuc Humac » pour ensuite regagner l’Amazone par le fleuve Jari. Il mettra six mois pour faire ce parcours et démystifier ainsi la légende d’un eldorado dans le sud de la GUYANE.
Il rapportera son témoignage précieux sur les différentes ethnies amérindiennes et leurs coutumes qui à l’époque vivent encore sur ces territoires.
Depuis, rare sont ceux qui ont marchés dans son sillage. 123 ans plus tard, nous avons eu l’occasion de réécrire « le mendiant de l’eldorado ».
CULTUREL :
Le retour aux sources
C’est dans les années 1960 que les amérindiens WAYANAS vivant paisiblement sur les bords du rio Jari (BRESIL) sont contraints de s’exiler en GUYANE française ou au SURINAM. La fièvre de l’or s’est abattue sur cette région isolée et loin de toute autorité. Pour sauver leur vie, ils sont dans l’obligation d’abandonner leurs villages et leur territoire au profit de mercenaires prêts à tout pour extraire le précieux métal jaune.
Depuis lors ils sont installés, en partie, sur les rives du haut Maroni.
Un amérindien du village de TALOUENE et trois du village d’ANTECUME PATA ont participés au périple leurs permettant ainsi de retrouver les traces de leur histoire sur les bords du fleuve Jari et ses affluents.
SCIENTIFIQUE :
Virus et parasites
Au cours des multiples raids effectués en forêt, les membres de l’association ALABAMA ont souvent fait les frais, à leur dépend, du manque de connaissance médicale et donc de traitement pour une multitude d’infections virales ou cutanées.
Hugues CONTAMIN, chercheur en parasitologie à l’institut PASTEUR de Cayenne a saisit l’occasion de sa participation à cette expédition dans un milieu immaculé pour prélever un maximum d’échantillons en vu d’identifier certains virus et parasites.
MEDIATIQUE ET PEDAGOGIQUE :
Le parcours historique, la découverte du milieu amazonien, de la culture amérindienne et l’expérience vécue par les acteurs de cette aventure seront transmises à travers deux reportages filmés réalisés par « A.E.D production » et diffusés sur France 3, ARTE et R.F.O (Tempo).Plusieurs articles de presse sont déjà parus dans France Guyane, le journal de l’AMAPA et le Progrès de Lyon. Des expositions photos avec débats sont programmées dés le bilan complet du raid établit.
SPORTIF :
Marche en forêt équatoriale
Même si le passage des différents rapides sont des épreuves délicates et dangereuses, le principal effort physique fut à fournir durant la marche en forêt profonde.
40 km de sentier à ouvrir dans cette jungle vallonnée, dense et souvent marécageuse reste un challenge important. Se diriger et supporter les 30 kg de charge sur les épaules ne facilite en rien une bonne progression. Enfin, ce milieu si hostile à nos corps habitués à une vie citadine a nécessité une très bonne préparation physique et mentale.
COOPERATION GUYANE / AMAPA :
Sur les frontières des deux régions.
La coopération économique des deux régions est déjà sur les rails. Le parcours du périple a repris quasiment trait pour trait la limite frontalière de la Guyane et de l’Amapa réunis. Un symbole de symbiose. Les autorités de l’état d’Amapa ont été partie prenante dans la réalisation du projet. L’A.D.A.P (agence de développement de l’Amapa), a travaillée en partenariat avec l’association ALABAMA à l’élaboration et la concrétisation du projet. Une coopération est également sur les rails avec le milieu associatif de Macapa. Un Brésilien de Macapa a participé à l’expédition.

Parcours et bilan des moyens de communication
EN GUYANE :
Cayenne / Maripasoula en avion pour une partie de l’équipe.
Le reste du corps expéditionnaire avec la totalité du matériel par pirogue sur le Maroni via St Laurent.
160 km de navigation en pirogues sur le fleuve Alitani jusqu’à la crique Koulé-Koulé.
20 km de marche pour atteindre le mont Mitaraka (frontière avec le BRESIL).
EN AMAPA :
20 km de marche pour regagner le rio Mapaoni.
Descente en barques aluminium (livrées par héliportage) du rio Mapaoni puis du rio Jari (540 km) jusqu’à l’Amazone et Macapa.
Macapa / Cayenne en avion.
Le retour a eu lieu à Cayenne le 31 août 2000.
Durée totale de l’expédition : 34 jours.
Le repérage du parcours s’est effectué par la collecte des données fournies par les cartes I.G.N, les cartes brésiliennes, des survols de reconnaissance et des photos satellites SPOT image.
MATERIEL EMBARQUE :
- 2 radios B.L.U de marque ICOM type 706 MK2
- 1 téléphone satellite système IMARSAT
- 1 téléphone satellite système GLOBALSTAR
Il est tout d’abord à noter que sur ces quatre moyens de communication, un seul a été fiable jusqu’au bout du parcours, il s’agit de l’une des radios B.L.U. Les trois autres vecteurs de transmission ont été endommagés et mis hors de service soit à cause de l’humidité, soit à cause d’une mauvaise manutention.
Malgré tout, seul la radio B.L.U. à apportée la réponse efficace à nos besoins tout au long du parcours. Cela nécessite bien sur un planning de communication préétabli avec des correspondants fiables.
Une bonne réflexion anticipée bien avant le départ de l’expédition nous a permis de partir serein. Chaque individu avait été examiné par l’équipe médicale, tous avaient subi un entraînement spécifique avant de se lancer dans l’aventure.
L’expérience des précédents raids organisés par l’association ainsi que celle des médecins parti prenante du projet a joué un rôle déterminant dans le bilan médical de l’expédition MITARAKA.
Durant les cinq semaines de voyage les pathologies suivantes ont été traitées :
- 1 cas de dysenterie.
- 2 cas ponctuels d’épuisement pendant la marche en foret (Tumuc-Humac)
- 10 cas d’infection cutanée au niveau des pieds, dû à la macération de ceux-ci dans les chaussures au cours de la marche en foret (tumuc humac).

2002
Du 5 au 25 octobre 2002, seize membres de l’association sont partis à la découverte d’un lac inconnu, donc non référencé sur les cartes, dans le sud Guyanais. Une invention qui a fait l’objet d’une déclaration officielle auprès des autorités concernées. De part son originalité cet événement hors du commun a été fortement médiatisé. Une aventure qui, une nouvelle fois, s’est déclinée sous un angle sportif, culturel et scientifique. Aujourd’hui encore la page n’est pas refermée sur cette découverte puisque les prélèvements du substrat du fond du lac réalisés par le CNRS dans le cadre du programme ECOFIT doivent être confondus avec de futures analyses d’autres lacs du même type afin de mieux connaitre les climats passés et le taux de mercure présent à l’état naturel en Guyane.


Le but de l'aventure
HISTORIQUE :
Sur les traces de KEYMIS et de la légende du lac Parimé :
Depuis la découverte du nouveau monde, de multiples explorateurs se sont succédés pour parcourir la région du plateau des Guyanes à la recherche de l’Eldorado, cette chimère a pris le nom de Manoa, une ville légendaire sur les bords du lac appelé Parimé.
Après les échecs de W. Raleigh (1595 et 1617), Keymis (1596) et de bien d’autres illustres inconnus partis à la quête du grâle, l’attention portée à la recherche de ce site mythique s’est éteinte depuis deux siècles.
La connaissance par les membres de l’association ALABAMA, dans le sud du pays, d’un lac, certes beaucoup plus modeste que le décrit la légende, nous donne l’opportunité aujourd’hui de raviver l’histoire de l’expédition Keymis qui, en 1956, partie remonter l’Oyapoc avec pour but l’Eldorado.
D’une façon plus générale, il s’agit de deux siècles d’histoire sur la recherche de la ville de Manoa et du lac Parimé qui sera en filigrane sur ce projet.
Notre ambition n’est pas, bien sûr, de prétendre avoir découvert un quelconque trésor oublié, mais plutôt de se remémorer la fabuleuse et passionnante épopée de la recherche de l’Eldorado sur le plateau des Guyanes. C’est de cette richesse historique qu’est nourri ce projet.
SCIENTIFIQUE :
Ichtyologie et hydrologie
Ce lac circulaire d’environ 100m de diamètre, cerné pas des parois abruptes d’environ 50 mètres, situé au centre d’un cirque, ouvre beaucoup d’hypothèses, à la fois géologiques et hydrologiques. Sa faune et flore seront l’occasion d’études intéressantes pour Nicolas BREHM qui a participé à l’expédition et est le relais de l’association pour son aspect scientifique auprès des organismes de recherches compétents (notamment le muséum d’histoire naturelle de Paris et le CNRS). La mission parc pour la création du parc du sud de la Guyane réalisera plus tard en 2008 (voir plus bas article de presse), dans le cadre de ce projet, des carotages dans les sédiments au fond du lac. Ces prélèvements ont eu pour but de quantifier le mercure à l’état brut et de procéder à une datation de ce site inviolé. D’autre part ces prélèvements de sédiments profonds ont été analysés en vu de mieux connaitre la végétation des abords du lac afin de mieux connaitre le climat passé sur le plateau des Guyanes.

Relevés réalisés au cours de l'expédition
Cette mission a été réalisée dans le cadre de l’expédition TOPONOWINI organisée par l’association ALABAMA. Les résultats de ces travaux devront permettre de constituer une première base de travail pertinente pour les missions scientifiques qui auront lieu par la suite : inventaires faunistiques et floristiques plus spécifiques (mammifères, batraciens, reptiles, oiseaux, dicotylédones…), recherche géologique…
Ces travaux, effectués sur site durant 12 jours plein (du mercredi 09 au dimanche 20 octobre 2002) ont permis d’aboutir à :
- Une description topographique du lac
- Une description bathymétrique du lac
- Une description hydrologique du lac
- Une description physico-chimique du lac
- Une description ichtyologique du lac
Par ailleurs, des inventaires faunistiques (reptiles, batraciens, hydrobiologie (macro-invertébrés d’eau douce), oiseaux, mammifères) et floristiques (constitution d’un herbier confié à l’IRD – Jean-Jacques de Granville) ont été réalisés durant ces 12 jours. Les résultats directs sont présentés dans le présent rapport et de nombreux échantillons ont été confiés à différents spécialistes et sont en cours de détermination.
- L’altitude du lac a été mesurée en relevant l’altitude de la DZ sur l’altimètre de l’hélicoptère (deux mesures (le 15/10/02 et le 21/10/02)), préalablement calé au QNH (niveau de la mer). Une fois cette altitude connue (860 ft soit 262 m), nous avons soustrait la hauteur entre la surface du lac et la DZ (altimètre CASIO + mesure de la pente (45%) + distance au topofil entre ces deux points) : h= 150 m.
L’altitude topographique du lac (à vérifier au GPS différentiel) serait, compte tenu des incertitudes de mesure importantes, de 112 mètres par rapport au niveau de la mer.
Les relevés topographiques du lac :
Un certain nombre de relevés ont été réalisés à l’aide de topofil et d’une boussole de visée. Ces travaux (mesure du périmètre du lac, séries de transects parallèles, mesures de pentes…) ont permis de dresser les cartes suivantes :
- Profil en long du lac Toponowini
- Cartographie générale du lac Toponowini
Le périmètre du lac est de 430 mètres. La surface en eau est de 10 900 m², soit environ un hectare. La forme du lac est plus ou moins ovoïde.



Film intégral uniquement en visionnage privé. Droits de diffusion société Ampersand
2003
C’est au cours d’une simple sortie de reconnaissance dans le sud guyanais et surinamais dans l’objectif de préparer le projet « KAILAWA » qui devrait voir le jour fin 2004 qu’un nombre restreint des membres de l’association ont découvert fortuitement le lac AIMALAYANA (nommé ainsi par les indiens Wayanas, textuellement : les hommes aïmara).
Ce site fait référence à une légende (celle de Molocoy) connu depuis fort longtemps par les Wayanas. De mémoire d’homme ce lac n’avait jamais pu être localisé.


L'origine de l'aventure
Aujourd’hui Mulokot est toujours représenté sur le malauwana (ciel de case Wayana) comme un des éléments légendaire de la genèse du peuple Wayana. Cette histoire comptée par les amérindiens Wayana du haut Maroni a été rapportée indépendamment par l’ethnologue Jean Chapuis et L’archéologue Renzo Duin.
En 2000 au cours d’un voyage en pirogue sur les sources du fleuve Maroni (alitani), Renzo accompagné de plusieurs amérindiens en pleine partie de pêche, firent une halte sur un site en bordure de rivière qu’ils dénomment « mulokoteimé eni » : le trou ou vivait le mulokot. Intrigué par cette appellation Renzo chercha à en savoir plus. Le soir auprès du feu les amérindiens racontèrent la légende qu’ils tiennent de leurs ancêtres. Cela se poursuivi une bonne partie de la nuit.
La légende de MULOKOT
En voici une version courte
Il y a fort longtemps un indien Wayana parti a la pêche sur l’Alitani aperçu un très beau poisson qu’il n’avait encore jamais rencontré. Il pensait tenir la une bonne prise à la chaire délicieuse : une fois l’arc bandé, la flèche fila pour fendre l’eau et atteindre mortellement l’animal. Le poisson fut cuisiné sur le champs. Après ce bon repas, il convient de ce désaltérer. Alors que le chasseur se penche pour happer l’eau de la rivière, il aperçoit à la place de son visage dans le reflet aquatique l’image de la bête qu’il venait de tuer. Il comprit rapidement qu’il avait fléché un mulokot (esprit de l’eau) et que celui-ci s’était emparé de son corps. Le mulokot était également en train de gagner l’âme du Wayana. Il sentait désormais que s’il ingurgitait n’importe quel liquide il mourait rapidement car le mulokot a un besoin vital d’eau pour s’emparer définitivement de l’homme. Il parti dans la forêt en remontant un petit cours d’eau puis arriva au bord d’un lac. Il se pencha sur le bord du plan d’eau afin de vérifier si l’esprit était toujours en lui. Le mulokot ne partira pas sans prendre sa vie. Il se baigna dans le lac pour se rafraîchir et n’osa toujours pas boire, mais exténué et assoiffé il fini par céder en s’abreuvant à la source qui alimente le lac et périt en forêt proche de ce site jusqu’à lors inconnu.
Lorsque vous apercevez un mulokot : ne le tuer pas, ne le tuer pas ! !
Le lac « AIMALAYANA » découvert le 7 avril 2003 est proche du site connu des amérindiens sous le nom de « mulokoteimé eni »
Description du lac
Cette découverte fortuite a été réalisée dans le cadre d’une sortie de reconnaissance du terrain en vu de la préparation de l’expédition Kailawa réalisée en 2004 dans la région des Tumuc-Humac. Nous avons donc, au hasard de cet événement, employé les moyens à notre disposition pour établir les premières constatations simples sur le site.
Notre présence sur les lieux fut courte : 2 jours et demi, les relevés effectués se sont échelonnés entre le 07/04/03 (jour de la découverte) et le 09/04/03.
Nous avons réalisé :
- Une description topographique du lac.
- Une description bathymétrique du lac.
- Une description hydrologique du lac.
- Une description ichtyologique du lac.
Par ailleurs nous avons également réalisé un inventaire faunistique sommaire.
L’altitude du lac n’a pu être évaluée qu’à partir du G.P.S, ce qui reste assez peu fiable malgré l’étalonnage de ce dernier ( calé au QNH, niveau de la mer) réalisé avant le départ . Néanmoins à plus ou moins 20 mètres prés nous l’avons relevé à 195 mètres.
Les relevés topographiques du lac :
Ils ont été réalisés à partir d’une boussole à visée et d’un topofil, cela a permis de réaliser les cartes suivantes :
- Profil en long du lac
- Cartographie du lac
Le périmètre du lac est de 1277 mètres. La surface en eau est de 9635 m2. La forme du lac représente un oiseau en vol.
Une déclaration de découverte de ce site a été faite auprès des autorités Surinamaises.

Les traces d'une ancienne présence humaine
Autour du lac
Etonnés par cette découverte, nous avons bien sûr inspecté les lieux de façon simple afin de déterminer l’environnement de ce site et ainsi établir une base de données succincte mais fiable pour l’avenir.
Au cours des multiples aller-retour sur le pourtour du lac nous avons trouvés, quelques heures avant de quitter le site, à l’entrée d’un terrier, trois tessons de poteries amérindiennes mis à jour par l’animal qui avait ressemant creusé cet orifice. Nous avons superficiellement dégagé l’excédant de terre et avons aperçu qu’à environ 35 centimètres au fond du terrier une deuxième couche de latérite de couleur différente existait. C’est à ce niveau que nous avons trouvé huit tessons supplémentaires. Notre intervention n’alla pas plus loin car le temps nous était compté et nous ne possédions pas d’autorisation de fouille. Nous avons matérialisé ce site sur un plateau ovoïdal, localisé à environ 30 mètres au dessus du lac pour une surface d’environ 70 mètres par 45.
Sur l’inselberg
Avant de regagner nos embarcations notre trajectoire nous imposait de passer par l’inselberg KONOPAMOI. Nous avons gravi cette montagne afin de profiter de la vue imprenable qu’offre ce piton rocheux. Au cours de l’ascension nous avons croisé de multiples abris sous roches qui sont un lieu idéal pour une pause bien méritée. C’est sous deux d’entre eux que nous avons trouvé simplement posé au sol dix tessons et un fragment de platine à manioc en terre cuite. Nous avons, la également, simplement relevé la position G.P.S des deux sites :
- Abri sous roches à mi pente
- Abri sous roches au sommet de l’inselberg
Tous ces prélèvements ont été remis aux autorités Surinamaise à notre retour.



2004
SUR LES TRACES DE KAILAWA, HEROS WAYANA :
Pour la première fois, une expédition est partie sur les traces de Kaïlawa, le plus grand guerrier et chaman Wayana qui n’est jamais existé. Il vécut dans la région des monts Tumuc Humac il y a environ 300 ans. Sur la base des récits de Kuliyaman (dernier grand conteur Wayana décédé depuis peu), collecté par Jean Chapuis (anthropologue), nous nous sommes proposés de mettre quelques images sur cette histoire légendaire qui jusqu’à présent n’existait qu’au travers de mots (voir l’ouvrage paru début 2004 de Jean Chapuis « une histoire orale Wayana » éditions Ibis rouge ).
OBJECTIFS SCIENTIFIQUES :
Renzo DUIN, archéologue hollandais étudiant à l’université de Gainsville (U.S.A), a participé au projet avec son œil averti pour identifier au mieux les traces justifiant les récits recueillis par Jean Chapuis auprès de Kuliyaman sur la genèse et l’histoire du peuple Wayana.
Le C.N.R.S s’est également joint au projet avec un botaniste et un modélisateur de forêt tropicale.
Jean Philippe Champenois, entomologiste, a réalisé pour la première fois sur les Tumuc Humac une collecte d’insectes.
Hugues Contamin, chercheur en parasitologie au laboratoire de haute sécurité P4 de Lyon a prélevé des échantillons de sang sur des mammifères à l’aide d’un fusil hypodermique afin d’y rechercher d’éventuelles maladies émergentes.
Enfin l’institut Pasteur de Cayenne apporte sa contribution avec l’analyse des prélèvements sanguins réalisés sur l’équipe d’aventuriers dans le cadre de protocoles établis par l’association A.M.E (Amazonie Médecine Expédition).


ARCHEOLOGIE:
- L’université de Gainsville (Floride U.S.A) Renzo Duin
- Le service archéologique régional de Guyane
Découverte de trois sites majeurs:
- Une montagne couronnée
- Un site probablement funéraire
- Plusieurs ensembles de pierres directionnelles
SPORTIF ET MEDICAL :
Même si le passage des différents rapides est une épreuve délicate et dangereuse, le principal effort physique est à fournir durant la marche en forêt profonde.
150 km de sentier ont été ouverts dans cette jungle vallonnée, dense et souvent marécageuse. Cela reste un challenge important. Se diriger et supporter une lourde charge sur les épaules ne facilitent en rien une bonne progression.
Des protocoles ont été pré-établis par l’association A.M.E (Amazonie médecine expédition) afin d’obtenir le meilleur équilibre entre l’effort physique à fournir, la sécurité et la santé de chacun jusqu’à la fin du périple.
Enfin, ce milieu hostile à nos corps habitués à une vie citadine nécessite une très bonne préparation physique et mentale. La sélection des participants est primordiale.

Retour d'expériences






Film intégral uniquement en visionnage privé. Droits de diffusion société Ampersand
2005
Cette mission courte a eu pour but essentiel de procéder à un repérage de plusieurs sites en vue du futur projet Marouini.
Des tests de communication et plusieurs protocoles médicaux ont été expérimentés et validés pour enrichir notre expérience et mieux sécuriser nos futurs projets.

2006
Du 15 septembre au 8 octobre 2006 l’expédition « Marouini » s’est déroulée dans le sud de la Guyane. Seize personnes ont partagé ce projet à la fois scientifique, sportif et culturel.
Le parcours de l’expédition a recoupé celui de deux explorateurs pionniers de la Région du plateau des Guyanes, Jules Crevaux et Henri Coudreau. Ce voyage a été l’occasion d’établir des parallèles entre ce qu’ils ont vécu et écrit il y a plus d’un siècle.
Sur le plan scientifique, l’Institut Pasteur, le CNRS et le service régional archéologique guyanais ont participé à ce raid. Des prélèvements d’insectes et d’échantillons sanguins sur de petits mammifères, toujours en cours d’analyses, vont permettre d’identifier des virus ou bactéries qui circulent sur la zone frontière sud avec le Brésil. Il s’agit de savoir si, à l’état sauvage, certaines maladies connues sur la cote existent en forêt profonde ou d’identifier de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l’homme. A l’heure ou les maladies émergentes (sida, H5N1, grippe aviaire, chikungunia…) font beaucoup parler d’elles, il est important de mieux connaître les virus qui circulent sur d’importants territoires que l’homme ne pénètre que très rarement, un jour ils nous menaceront peut-être ou nous protégeront.
Des découvertes archéologiques ont également été faites. Plusieurs nouveaux sites guyanais ont été identifiés. Des échantillons de céramiques, des poteries, des urnes, une hache et une platine à manioc ont été mis à jour par des prospections sommaires. Certains de ces sites ont été datés à 500 ans avant J.Christ. Des fouilles archéologiques de plus grandes ampleurs sont à l’étude.
Sur le plan sportif, la marche en forêt sur 20 kilomètres et la descente en canoë à la pagaie sur 220 kilomètres de rivière entrecoupé de rapides ont été un vrai chalenge.


« En 1887, Henri Coudreau, chargé d’une mision du ministère de l’instruction publique, partit pour la région des monts Tumuc-Humac, dans l’extrême sud de la Guyane française, région habitée par les Indiens Roucouyennes. Avec lui se trouvait un autre voyageur, M. Laveau et comme guide le noir Apatou, l’ancien compagnon du docteur Crevaux. La chaîne des Tumuc-Humac avait été, jusqu’alors, très mal figurée sur les cartes, Crevaux l’avait bien franchie,
mais il ne l’avait décrite que très sommairement.
Ayant remonté le Maroni, Coudreau atteignit à Apoïké, petit village des Roucouyennes, le pied des Tumuc-Humac occidentales. Il sillonna d’itinéraires tout le pays compris entre les villages d’Apoïké, sur le haut Itany, (affluent gauche du maroni), et de Philipou, sur le haut Maroni. Ces diverses courses l’amenèrent au sud du mont Mitaraca, à l’est au mont Amana, à l’ouest au mont Palourouïmenepeu. Les voyageurs durent traverser tantôt des forêts humides, et ils revinrent à Cayenne, à bout de forces, par le Marouini et le Maroni. »

Retour d'expériences
Expérimentations :
• Collectes d’échantillons pour :
– L’Institut Pasteur
– Laboratoire P4 Lyon
– Laboratoire de parasitologie Pr Carme
– Mission scientifique du futur parc de la Guyane
– CNRS
– DRAC
• Tests équipement de survie et bénéfices des
formations de secourisme en milieu équatorial

• Utilisation d’une Station Portable de
Télémédecine afin de :
– Téléconsultations médicales (mode d’utilisation
classique)
– Envoi d’images d’échantillons:
• Photos champ microscopique
• Photos d’insectes
• Photos de plantes
• Applications ouvertes aux autres organismes et instituts de
recherche
– ou autres données auprès des instituts de recherche
partenaires (appareils de mesures, etc.…)
– Envoi de reportage « in live » pour les médias



Film intégral uniquement en visionnage privé. Droits de diffusion société Ampersand
2008
La découverte de l’or en Guyane :
Si depuis la découverte de l’Amérique les conquistadors ont toujours su que l’or était présent en Amazonie ce n’est qu’au milieu du 19 éme siècle que l’on en découvrit en Guyane française.
Les grands sites d’orpaillage trouvent leurs apogées entre 1870 et 1915. Au cours de cette expédition nous avons retrouvé certainement l’un des derniers sites d’orpaillage encore intact datant du temps de la découverte de l’or en 1855. De nombreux vestiges ont été mis à jour tant sur l’aspect de la vie quotidienne de ces premiers chercheurs d’or que le chantier à proprement parler.
La restitution portera en grande partie sur l’évocation de la vie et du travail difficile de ces pionniers qui ont écrit un pan de l’histoire guyanaise peu connu.

Sur les traces de Jean Galmot :
Aventurier, homme politique, homme d’affaires mais aussi chercheur d’or, Jean Galmot a marqué l’histoire de la Guyane hors de ses frontières. Comme quelques autres il bâti sa fortune sur l’exploitation et la vente d’or. A travers les récits de ces romans nous revivrons les joies et les moments difficiles de cette vie de garimpeiros des années 1900 au cœur de la forêt. Il est le fil conducteur de notre ouvrage.
Christophe Belevez a apporté son concours par sa très grande connaissance historique sur la vie de cet homme illustre.



Film intégral uniquement en visionnage privé. Droits de diffusion société Ampersand
2010



Avant notre départ en expédition nous sommes au village de Taluwen pour la mise en place du ciel de case au sommet du Toukouchipan du village. Alabama participe à cet évènement avec une inauguration qui clôture une rénovation complète du carbet communautaire.
La découverte du lac inconnu et des peintures rupestres de la Mamilipan : l’expédition


2011 - 2019 : Les fleuves
2011



Avant la descente de la rivière Noussiri en canoës depuis ses sources nous partons gravir l’inselberg Crevaux. Au cours de notre périple sur le cours d’eau nous découvrons une ancienne distillerie de bois de rose.
2012
Le vrombissement des pales de l’hélicoptère déchire le silence moite de l’aube guyanaise. À bord les dix membres de l’expédition « Alabama » en direction de nouvelles découvertes. Nos visages sont éclairés par l’excitation et l’appréhension. Notre mission : atteindre un lac inconnu dans le centre Est de la Guyane.
Pendant une demi-heure, le monde ne fut qu’une mer de vert, un tapis végétal sans fin où les fleuves sinueux ressemblent à des veines gorgées de sève.
L’hélicoptère amorça une descente lente, traversant la couche de brume matinale.
Au lieu de l’étendue d’eau miroitante que les repérages faits en saison des pluies promettaient, l’équipe découvrit une cuvette béante, craquelée par le soleil. Le lac était asséché, un squelette de boue et de sédiments en partie recouvert d’une herbe folle, témoin silencieux de la sécheresse. Les dix explorateurs, déposés sur cette terre morte, sentirent le poids de l’environnement.
L’équipe ajusta le plan. L’objectif initial était compromis en partie. Des relevés et analyses sont tout de même réalisés, mais une autre cible, une savane roche proche, prenait soudain tout son sens.
La marche fut éprouvante, un contraste brutal entre la moiteur de la forêt et la sècheresse du lac. Après une journée de marche la végétation se raréfia, le sol devint granitique, nu, parsemé de plantes broméliacées endémiques. C’était la savane roche, un écosystème unique, un jardin suspendu au-dessus de l’océan vert.
Arrivés au sommet une douce brise balayait nos visages. De là, nous dominions la canopée, voyant la forêt s’étendre jusqu’à l’infini. La savane roche, avec sa résilience minérale, offrait une perspective nouvelle : celle d’une nature capable de survivre et de s’épanouir même sur la pierre nue. L’expédition, bien que déroutée de son objectif initial, a trouvé son véritable trésor : la contemplation de l’extraordinaire dualité de l’Amazonie française.
Tous les les lacs sont amenés sur le long terme à se combler. On le nomme : Le comblement sédimentaire, ou envasement. C’est le processus naturel et inéluctable par lequel un lac évolue vers un milieu terrestre. Ce phénomène, qui se déroule sur des échelles de temps géologiques, est principalement régi par la sédimentation lacustre et l’eutrophisation,
La sédimentation lacustre est définie comme le dépôt progressif de particules au fond du lac. Ces sédiments proviennent de deux sources principales :
1.Sédiments externes : Ils sont transportés vers le lac par les affluents, le ruissellement de surface, le vent ou les glissements de terrain. Ils sont principalement composés de minéraux (argiles, limons, sables) et de matière organique issue du bassin versant.
2.Sédiments internes : Ils sont produits au sein même du lac. Il s’agit principalement de matière organique (restes d’algues, de plantes aquatiques, de poissons et d’autres organismes) et de précipitations chimiques.
Notre lac est donc manifestement en phase finale de sédimentation : Le lac est peu profond et la sédimentation organique domine. La végétation aquatique est bien installée en saison des pluies et se développe, accélérant le piégeage des sédiments. Le lac se transforme progressivement en marais ou en tourbière en saison sèche, Il sera bientôt un milieu complètement terrestre.
Le temps nécessaire pour qu’un lac se comble complètement varie énormément, allant de quelques siècles pour les petites surfaces à des dizaines de milliers d’années pour les grands lacs profonds.



Un second objectif de ce projet est de mettre en palce un piège lumineux sur la roche toute proche du lac sec. Ce type d’inventaire est une vrai fenêtre sur la biodiversité nocturne Amazonienne.
L’Amazonie, sanctuaire d’une biodiversité inégalée, révèle une part de ses mystères les plus fascinants à la faveur de la nuit. Pour les entomologistes comme Jean-Philippe Champenois et les passionnés, la capture d’insectes nocturnes est une étape cruciale de l’étude faunistique, et le piège lumineux au drap blanc est l’une des méthodes les plus efficaces, simples et spectaculaires pour y parvenir,
L’installation du piège lumineux transforme un coin de la jungle en un véritable théâtre de la vie nocturne. Dès la tombée de la nuit, le spectacle commence. Les premiers visiteurs sont souvent des coléoptères de grande taille, des phalènes (papillons de nuit) aux motifs complexes, et des hémiptères.
Au fur et à mesure que la nuit avance, le drap blanc se couvre d’une mosaïque vivante et bourdonnante. On peut y observer une diversité stupéfiante, typique de l’Amazonie, permettant même de recenser des espèces rares ou encore inconnues.


2013
Le soleil de la Guyane filtrait à peine à travers la canopée lorsque s’élance neufs aventuriers à bord de trois barques en aluminium, des embarcations robustes et éprouvées par d’innombrables voyages en Guyane, L’air est lourd et saturé de l’odeur de la terre humide et de la végétation exubérante de la forêt amazonienne guyanaise.
Le murmure de la rivière se transforme rapidement en un rugissement. C’est le signal du début du franchissement des rapides. Saut La Vilette, Trou Cochon et Ciment. La rivière Mataroni, à cet endroit, n’est plus un cours d’eau, mais une succession de blocs de roches et de tronc couchés en travers de la rivière. Des roches sombres, polies par des siècles de courant, émergent comme des obstacles qui obligent à des manœuvres précises et instinctives. L’eau trouble et écumeuse fait tanguer les bateaux.
Les rapides contraignent au portage de tout le matériel pour leur franchissement. Mais ce n’est pas la seule difficulté de navigation sur cette rivière, de lourds troncs d’arbres, arrachés à la forêt par les pluies et les crues, flottent à demi submergés, des pièges qui peuvent faire chavirer l’embarcation en un instant et mettent à rude épreuve les hélices des moteurs hors bord.
Au détour d’un virage, sur un tronc barrant la rivière, le maitre de la forêt Amazonienne nous fait face. Un Jaguar, plutôt jeune, prend la pose au soleil. Il nous toise un instant et décide de s’éclipser dans le sous bois tranquillement. Belle et rare rencontre !
Un peu plus loin, le long d’une petite berge boueuse, dans l’eau, nous croisons cette fois ci la route d’un petit fan immobile, apeuré, transi et tremblant. Il a visiblement perdu sa mère. Le Jaguar serait il impliqué dans sa disparition ?
Au bout de deux jours de navigation, nous arrivons au point de départ d’une marche d’environ une demi heure pour atteindre la savane roche Annabel. Le contraste est saisissant : la moiteur et l’ombre de la jungle cèdent la place à une lumière crue, un ciel immense et une dalle rocheuse de plus d’un 1km2 parsemée d’une végétation plus rase, adaptée à ce sol ingrat.


2014
Départ en coque aluminium depuis le petit bourg de Régina le long du fleuve Approuague. Le bourdonnement des moteurs hors-bord brisent doucement le silence en glissant sur l’eau calme, fendant les reflets verts de la canopée. Nous avançons vers l’amont, là où la rivière se resserre, change de rythme et de visage.
Direction le plus gros saut (rapide) de Guyane avec ses 19m de haut : Grand Kanori. Il nous faudra trois jours pour l’atteindre.
Très vite, les premiers remous apparaissent : un tremblement subtil sur la surface de l’eau, comme un avertissement discret. Puis arrivent les premiers rapides: Tourépé, Mapaou et Athanase. Le moteur rugit, propulsant la barque contre le courant qui se heurte aux rochers affleurants. Les éclats d’eau frappent les flancs métalliques en cadence, et chaque vague cherchait à repousser notre progression. Les motoristes manœuvrent avec précision mais cela ne surgit pas à épargner une de nos hélices. Une halte s’impose pour son remplacement,
Arrivé à saut Grand Machicou le passage ne se négocie pas entièrement au moteur. Trop étroits, trop violents, trop imprévisibles les roches obligent un halage à la corde dans les veines les plus appropriées. Il faut alors descendre dans l’eau tumultueuse, saisir la corde solidement fixée à l’étrave, et tirer la barque pas à pas. Nous avançons entre les rochers glissants, le courant martelant nos jambes, tandis que la barque se laisse guider, oscillant comme un serpent. Chaque mètre gagné demande de la force, de la coordination et une attention constante aux mouvements brusques de la rivière.
Finalement, après trois jours d’efforts, un grondement sourd nous parvient au détour d’un virage. La forêt s’écarte légèrement, laissant apparaître la chute : une cascade de roches de dix-neuf mètres au travers de la laquelle se précipite un panache d’écume blanc. La puissance du fleuve se présente devant nous, la rivière révèle son visage le plus sauvage, le plus majestueux.
Nous avons atteint ce lieu que seuls la patience, la ténacité et un profond respect pour l’Amazonie permet d’approcher. Là, au pied de la chute, se dresse la récompense silencieuse de cette navigation exigeante : un spectacle brut, immuable, porté par la force vive de la rivière.


2015
L’Armontabo est une rivière, un affluent du fleuve Oyapock frontière entre la Guyane et le Brésil. Sombre et capricieux, nous savions que les sauts (rapides) seraient notre plus grand défi, mais rien ne nous avait préparés à deux chavirages.
La routine de l’expédition n’a pas eu le temps de s’installer. Une avarie moteur se fait jour rapidement. Un des hors bord ne fonctionne plus qu’en marche arrière. Après démontage une clavette est défectueuse mais pour la changer il nous faut en fabriquer une à l’aide d’une scie à métaux que nous n’avons pas. Le destin est avec nous, une pirogue d’orpailleur passe sur le fleuve à cet instant et s’arrête pour nous proposer de l’aide. Ils ont, par miracle, une lame de scie posée sur leur centaine de kilo de fret !
L’expédition qui aurai pu tourner court reprend son chemin.
Le soir, nous établissons un campement. L’installation est toujours la même, nous choisissons des arbres sains et solides pour fixer nos hamacs, puis tendre nos bâches en plastique. Ces abris suspendus nous isolent du sol humide et des insectes rampants, offrant une bulle de confort pour la nuit.
À la tombée de la nuit, la forêt a commencé son propre spectacle. La pluie, violente et torrentielle, s’est abattue, le bruit frappant nos bâches comme un tambour assourdissant. Une fois l’averse passée, l’air s’est empli de l’odeur fraîche et minérale, cette odeur de terre mouillée après la pluie, mêlée à l’odeur entêtante de la sève et de la végétation en décomposition.
En Foret le silence n’existe pas, même la nuit. Le fond sonore est un mur de son constant : le bourdonnement des insectes accompagné par le coassement des grenouilles et, plus loin, le murmure constant de l’Armontabo qui continue sa course. Puis, le son qui fait toujours frissonner : le rugissement profond d’un singe hurleur déchire la nuit, un cri primitif qui porte sur des kilomètres. Suspendus dans nos hamacs, enveloppés par ces bruits et ces odeurs, nous sommes pour autant étrangement en paix, bercés par le souffle puissant de la jungle.
Le franchissement des rapides se succèdent pendant quatre jours avant de poser un camp et prendre le chemin du retour. Plusieurs troncs posés en travers du cours d’eau nous ont obliger quelques gesticulations avec les barques.
Pour améliorer nos repas industriels emportés depuis Cayenne, nous profitons des zones de courants forts ou de grands calmes pour pêcher, ce sont les habitats de prédilection du poisson Aïmara. L’attaque est d’une violence spectaculaire, un remous explosif qui déchire la surface de l’eau. Ce grand carnassier des rivières, avec sa gueule barbelée de ses dents acérées, se bat avec une force démesurée. Le décrocher est toujours un moment de tension pour éviter une morsure.
Le temps du retour est venue, le franchissement des rapides en descente est toujours beaucoup plus délicat. Lorsque l’avant de la barque heurte un rocher le courant peut très rapidement s’engouffrer dans le bateau par le tableau arrière du moteur.
Nous allons l’expérimenter très rapidement par deux chavirages successifs.
La barque aluminium est, comme toujours, bien chargée lorsqu’elle heurte avec une violence sèche une roche invisibilisée par les remous du rapide. En une fraction de seconde, le chaos. L’eau bouillonnante submerge l’embarcation par l’arrière, nous éjectant avec notre matériel qui flotte par grappes au grés du courant. Le moteur hors-bord est noyé, ses entrailles mécaniques emplies de l’eau trouble de la rivière.
Il nous faut des heures d’efforts, les pieds glissant sur les rochers pour tirer la barque échouée et récupérer ce qui pouvait l’être. Dans le tumulte Daniel laisse échapper sa caméra étanche des mains, elle finit au fond du rapide. Fabien ne met pas longtemps à plonger avec succès pour la récupérer. Daniel en avait déjà fait son deuil. Le moteur d’environ 60kgs est également une priorité. Démonté pièce par pièce sur la berge, ses bougies et son carburateur sont vidés de l’eau et séchés. Quand il crachote et reprend vie, le bruit de son redémarrage font l’objet de hourras du groupe. Nous échappons à des heures et jours de pagaies. Le second naufrage sera quasi identique mais avec une autre embarcation.



2016
Le barrage hydroélectrique de Petit-Saut sur le fleuve Sinnamary a été Achevé en 1994,
Sa construction a créé le lac sur lequel nous débutons notre périple, une retenue d’eau qui a inondé environ 365 km² de forêt.
La traversée de la retenue de Petit-Saut se fait dans le silence pesant de la forêt noyée, au milieu des arbres morts. À l’amont, notre destination, au-delà du saut Takari-Tanté, ce n’est plus qu’un long corridor de grande forêt équatoriale, ponctué de nombreux sauts, jusqu’à celui nommé Parasol, notre objectif.
Pourtant, cette apparence de territoire vierge contraste fortement avec la réalité historique. Les expéditions menées par les premiers explorateurs européens font état de nombreuses communautés amérindiennes établies le long du Sinnamary. Les polissoirs que nous observons régulièrement sur notre parcours attestent d’une occupation significative.
L’histoire du bassin du Sinnamary a connu un tournant décisif en 1854 avec la découverte de l’or en Guyane. L’exploitation dans le bassin du Sinnamary débuta en 1866 sur le site emblématique d’Adieu Vat. Cette découverte marqua le début d’une période d’exploitation intensive qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
Une fois l’étendue du barrage derrière nous et le saut Takari Tanté franchit, les rives resserrées défilent dans une explosion de verts. Les arbres sont monumentaux et le ciel restreint. Un martin-pêcheur à ventre roux nous accompagne un instant, flèche turquoise rasant l’eau avant de disparaître dans un rideau de lianes.
Dans les sauts deux Roros et Equerre l’eau bouillonne, l’écume se fracasse contre les rochers noirs qui émergent. Les cordages sont aussi tendus que nos muscles, nos halons les embarcations. La barque tangue. Un instant, nous sommes suspendus entre deux vagues.
Soudain, un craquement métallique se fait entendre, la barque s’immobilise brutalement, coincée contre une roche immergée. Un bruit sinistre caractéristique de l’aluminium qui se déchire.
Une fissure de dix centimètres s’élargit dans la coque, et l’eau commence à s’infiltrer.
L’eau monte. Elle atteint déjà nos chevilles. Les provisions flottent dans le fond de l’embarcation. Nous écopons frénétiquement et rejoignons la rive la plus proche, une langue de sable bordée de palmiers. Nous immobilisons le bateau pour appliquer un pensement en goudron. Une fois chauffée, la rustine devrait tenir pour assurer notre retour.
Le fleuve n’en a pas fini avec nous. Des géants déchus barrent notre route : de nombreux arbres centenaires, arrachés par quelques orages furieux, repose en travers du courant.
Nous cherchons un étroit chenal entre le tronc et la rive quand il existe. Les branches mortes griffent la coque. Un caïman, à peine visible dans l’ombre du tronc, nous fixe de ses yeux dorés avant de glisser silencieusement sous la surface.
Nous forçons le passage à plusieurs reprise en coupant le tronc couché. L’écorce du géant est attaquée par une armée de termites et colonisée par des orchidées.
Le saut Parasol s’offre enfin à nous après 4 jours d’efforts. Aller plus loin nécessiterai bien plus de temps que nous n’avons pas, il faut envisager le retour.



2017
Impossible de partir sur le fleuve Approuague sans avoir à l’esprit que la découverte de l’or en Guyane française s’est produite sur ce cours d’eau en devenant un évènement marquant de l’histoire de la région. C’est en 1855 qu’un ancien mineur brésilien du nom de Paolino a trouvé les premières pépites et un peu d’or fin dans la crique Akoupaï que nous atteindrons d’ici une journée. Cette découverte a été officialisée peu de temps après par Félix Couy, alors commandant du quartier de l’Approuague.
La nouvelle de la présence d’or a rapidement attiré de nombreux chercheurs. L’Approuague est devenu le principal lieu de prospection jusqu’en 1860. Cette première ruée vers l’or a duré jusqu’à la Première Guerre mondiale, attirant des milliers d’orpailleurs.
Aujourd’hui de nombreux orpailleurs clandestin sillonnent toujours de fleuve pour ravitailler les sites dissimulés en pleine foret. Nous croisons plusieurs pirogues chargées de fret.
Notre aventure commence sur des eaux calmes entrecoupées de plusieurs rapides. Le fleuve est majestueux, la remontée est une immersion progressive au cœur de la forêt primaire. Les rapides exigent toute l’expertise des piroguiers.
Chaque franchissement est une victoire, une poussée d’adrénaline récompensée par la beauté brute des roches polies par le courant millénaire.
Après avoir laissé derrière nous de célèbres sauts comme Mapaou, Athanase, Mathias et Akoupaï, on atteint l’embouchure discrète de la crique Ekini. Cet affluent, bien que beaucoup plus modeste, est réputé pour son caractère préservé. La navigation y devient plus intime, le couvert végétal se resserre, filtrant la lumière en une douce pénombre. Le silence de la forêt n’est troublé que par le chant des oiseaux et notre passage.
Sur ce cours d’eau plusieurs troncs couchés en travers rendent difficile notre avancée. La tronçonneuse est en action et nous prouve bien qu’aucun visiteur à cette saison n’est remonté jusque là.
La première récompense de cette navigation se trouve au terme d’une journée de navigation sur la crique Ekini : une belle chute sur un petit affluent à environ 15 minutes de marche. C’est l’occasion d’une petite séance de Tai Chi dictée par la beauté des lieux.
Une journée supplémentaire de progression avec nos embarcations et nous arrivons au pied d’un très gros rapide infranchissable qui offre un spectacle rafraîchissant et puissant. L’eau, après avoir dévalée les roches sur plus de 15 mètres, s’étale en un bassin naturel, havre de paix et d’une clarté saisissante. C’est là, au pied de ces chutes, que l’on prend toute la mesure de la richesse et de notre isolement. Au delà, l’Eden ?



2018
Depuis la nuit des temps, l’Histoire se transmet oralement dans les villages du Haut Maroni. Elle évoque les mythes fondateurs du peuple premier qui vit aujourd’hui le long de ce grand fleuve : les Wayana. Dans leur tradition orale, il est question de lieux sacrés et d’animaux merveilleux vivant dans le « Grand bois ». À l’origine de ces récits qui perdurent à travers les âges, les anciens évoquent des peintures laissées sur la roche. Ce n’est qu’en 1995 que l’aventurier François Susky fait une découverte fantastique. Surnommé «l’épicier volant», l’explorateur pilote un Cessna pour ravitailler les villages isolés du Sud de la Guyane française. Intrigué et attiré par une roche granitique émergeant de la forêt, il part à la découverte de la Mamilihpan sur le champ, avec trois Amérindiens. En arrivant sur le flanc de l’inselberg il est face à un ensemble de peintures rupestres. François Susky ne réalise pas tout de suite l’ampleur de sa découverte. Pourtant, il vient de révéler les seules peintures rupestres connues à ce jour dans tout le plateau des Guyanes. Il y sera recensé plus de 135 représentations.
C’est la seconde fois qu’Alabama se rend sur la Mamiliphan, Cette fois ci pour y réaliser le 1er documentaire filmé sur ces peintures exceptionnelles.
L’équipe souffle après avoir passé les rapides du Maroni depuis le village de Taluwen. Le soir, un campement est rapidement installé et sera le point de départ de la marche. Elle est éprouvante pour tous. Les sacs à dos sont chargés à bloc, alors que chacun porte le strict minimum de vivres et de moyens de secours. Sabres en main, Aïma et Eric se frayent un passage à travers la forêt, souvent dense et truffée de pièges irritants, épineux voir venimeux. Une fois la trace ouverte, un coup sec porté par le sabre sur certains troncs entame l’écorce mettant à nu le bois. Une marque luisante de sève en découle. Ce sera le repère pour le reste du groupe. Pour compléter ces marques, des brisés sont réalisés en cassant de petites branches.
Un fil d’Ariane rassurant pour les retardataires ! Le chemin ainsi balisé, aucun écart sous aucun prétexte n’est permis sous peine de ne pas retrouver sa route dans ce milieu inhospitalier. Car se perdre est le plus grand danger de la forêt amazonienne. Ce sera pourtant le cas de l’un d’entre nous. Après quelques heures d’engouasse le groupe est de nouveau au complet. Chacun veille à ne pas croiser le chemin d’un serpent ou de déranger un nid de mouches à feu (guêpes agressives dont la piqure est particulièrement douloureuse).
Un camp de base est établi au pied de l’inselberg avant son ascension. L’arrivée au pied de la Mamilihpan rappelle à Pierre Laporte de vieux souvenirs. Si pour Aïma cette venue a un aspect mystique, pour Pierre c’est surtout un retour de vingt-deux ans en arrière lorsque qu’il était de l’expédition archéologique qui décrivit pour la 1ere fois les peintures rupestres après la découverte.
L’ascension de la Mamilihpan pour Aïma et son fils est un moment fort. Le chef du village de Taluwen rêvait de cet instant depuis des années. Son impatience de découvrir les couleurs et le graphisme de ses ancêtres est perceptible. Il veut voir, contempler, analyser ces peintures. Retrouver des similitudes avec les animaux symbolisés sur son Maluwana (ciel de case). Constater si les pigments naturels qu’il utilise pour sa peinture sont les mêmes. Le panneau peint, est abrité des pluies. Il se situe à mi pente de l’inselberg granitique émergeant d’environ 200 mètres de la forêt tropicale. Les magnifiques œuvres, témoignant d’une civilisation oubliée, s’étalent sur une quinzaine de mètres.
Devant l’équipe, il y a onze anthropomorphes, des représentations humaines, deux zoomorphes, des animaux, quarante figures composées d’étoiles, croix, et sept serpentiformes. Une longue ligne traverse la paroi, séparant un lézard, un personnage et des formes géométriques.
Les « spectateurs » s’interrogent : cet ensemble raconte-t-il une histoire ? Est-il simplement une succession de dessins sans lien ? Le grand trait horizontal est-il une rivière, une frontière entre deux clans ou encore la séparation de deux mondes ? Toutes les hypothèses sont ouvertes…




2019
Dans la mémoire des anciens de Guyane, le nom de Couy est indissociable de celui de Paoline, l’homme qui marcha à ses côtés lorsque les forêts de l’Approuague demeuraient encore inviolées par les orpailleurs. On raconte que si Couy avait l’œil de l’intendance, Paoline avait l’intuition du fleuve et du chercheur d’or: ensemble, ils formaient un duo que rien ne semblait pouvoir arrêter dans l’immensité de la forêt guyanaise.
Paoline n’était pas un simple accompagnateur. Issue d’un métissage de cultures du Brésil voisin, il connaissait les chemins invisibles dans le sous bois et les signes que la rivière murmurait à qui savait écouter. Il avançait avec une assurance tranquille, son pas précis guidant souvent Couy dans les endroits où le sol parlait autrement que par son tapis végétal.
C’est en 1855, que Felix Couy alors commandant de la garnisons de Guisanbourg décida de remonter le fleuve Approuague accompagné de Paoline qui venait de ramener sur l’embouchure quelques grammes d’or découverts plus en amont. Il avait compris qu’avec son expérience brésilienne de l’Amazonie cette expédition ne serait pas seulement un appel venu des profondeurs de la forêt mais une promesse de découvertes fabuleuses.
Ensemble, ils installèrent le 1er placer de Guyane, dégagèrent le gravier, révélant l’or tant recherché. Si Couy avait été celui qui croyait à l’existence du gisement, Paoline fut celui qui mena à sa véritable découverte. Ce moment, simple et silencieux, scella leur place dans l’histoire de l’Approuague : ils devenaient les premiers à dévoiler l’un des berceaux majeurs de l’or guyanais.
Si Felix Couy demeura dans les récits comme le pionnier, Paoline, souvent oublié par l’histoire, fut le souffle et l’instinct qui guidèrent cette épopée.
On attribut à Paoline les porales suivantes :
« Le fleuve n’offre jamais rien, il partage seulement ce qu’il juge juste de montrer. »
La rivière Couy sur le haut Approuague est l’empreinte historique de cette aventure sur laquelle nous partons.


2020-2025 : L'âge d'Or
2020
Le destin du fleuve Mana bascule à la fin du XIXe siècle avec la ruée vers l’or. Dès les années 1870, les placers (gisements d’or) de la haute Mana deviennent célèbres pour leur richesse aurifère.
Aujourd’hui, la Mana reste l’un des fleuves les plus touchés par l’orpaillage illégal.
La Mana est célèbre en Guyane sous le surnom de « fleuve aux 99 sauts » (ou rapides). Ce nombre, bien qu’il soit symbolique, illustre sa nature accidentée et son caractère sauvage et indompté.
Ces sauts constituent des obstacles naturels majeurs à la navigation.
Notre premier rapide fut saut Fracas qui apparut sans prévenir. Un champ de roche en cette saison sèche tranchée par une gueule d’écume blanche comme un étroit couloir entre deux bandes de rochers noirs. Seul le halage des embarcations est possible, l’embarcation grince au bout de la corde tendue et tirée avec force par nous tous. Ces opérations sont périlleuses, un manque d’inattention et une vague peut s’engouffrer dans le bateau l’alourdissant instantanément sans espoir de le retenir.
À mesure que nous progressons ce n’est pas la faune qui nous inquiètent le plus. Depuis trois jours, nous avons observé sur les berges des traces d’orpaillage clandestin : départ de pistes, bidons d’essence éventrés. Preuves d’une industrie dissimilée et silencieuse.
Nous trouvons une pirogue éventrée et échouée sur des roches victime d’un naufrage. La mission de lutte contre l’orpaillage illégale a également laissé des traces avec un canot aluminium et son moteur entièrement brulé et détruit par les militaires de la mission Harpie.
Alors que notre campement est installé au saut Grand Continent l’on entendit un bourdonnement étrange, une pirogue arrivait dans notre direction. Elle était longue et sombre, presque trop lourde pour flotter, chargée jusqu’à la gueule de fûts métalliques cabossés. Les inscriptions effacées sur les parois trahissent un transport détourné venant surement du Suriname voisin. Entre les fûts, on distingue des sacs de riz empilés, des caisses de sardines, des bidons d’eau potable, et d’autres vivres destinés à alimenter une opération d’orpaillage qui ne comptait pas s’arrêter de sitôt. Elle passa lentement devant nous. Trois hommes se trouvent à bord. Le premier tient une longue perche (Takari) pour stabiliser l’embarcation, un second surveille nerveusement les berges, le troisième, à l’arrière, manie le moteur hors-bord avec une grande concentration. L’un d’eux leva la tête dans notre direction, leurs regards se croisèrent. Pas un mot. La pirogue s’immobilisa un instant au centre du fleuve. Le moteur baissa de régime.
Le regard des hommes changea. Suspicion. Méfiance. Calcul. Finalement rassuré de voir qu’il ne s’agissait pas de force de l’ordre, l’embarcation bifurque dans notre direction pour accoster à notre camp. Le moteur s’éteignit d’un coup, remplacé par un silence lourd. Après un bref échange d’amabilité ils nous confit qu’il se rendent à Gros Saut pour le franchir et continuer bien plus haut sans plus de précision. Nous les reverrons le lendemain mais beaucoup plus nombreux avec même trois femmes dans le groupe. Ce n’est pas un simple ravitaillement mais le cœur logistique d’une exploitation bien établie.
Ce genre de rencontre n’est jamais anodine malgré une certaine fébrilité mais en général se passe toujours bien. Sur le fleuve comme en mer ou en montagne, il y a une certaine solidarité, le fleuve, lui, ne pose jamais de question. Il se contente d’ouvrir une voie, avec de nombreux rapides ou l’on peut toujours avoir besoin d’aide.



2025
En cette saison sèche le niveau de la rivière Mataroni est très bas découvrant de nombreuses roches affleurantes mais surtout beaucoup de troncs d’arbres couchés. La navigation est délicate et constamment entravée.
C’est sur l’un des passages par dessus un tronc que l’accident s’est produit. Descendu pour aider l’embarcation à le franchir, Matthieu a fait le grand écart au moment de sauter dans le bateau lors de la remise des gaz. Tombé à l’eau, son tibia effleure l’hélice du moteur hors bord. Une douleur fulgurante. Une blessure nette, profonde, qui saigne abondamment. Sylvain a rapidement et sommairement bandé la jambe. Malgré la douleur lancinante, il faut continuer. Notre halte de midi est proche, c’est le moment de poser quelques points de sutures, la plaie le mérite.
Après une rude première journée qui nous avions envisagé plus calme, la nuit se profile et nous n’avons pas atteint notre point de campement. Nous continuons la route quand même. Naviguer de nuit est une expérience singulière : tout devient silhouette, murmure, palpitation. Seul le faisceau de notre lampe torche perce l’obscurité. Le moteur s’efforce de tracer un sillon dans le noir. Les bois en travers du cours d’eau ne sont plus prévisibles et les moteurs en souffrent, une hélice en perdra ses pales.
Nous voici enfin arrivé. Une installation rapide des bâches et des hamacs et nous lançons la cuisson des cotes de bœuf emmenées depuis Cayenne qu’il faut manger dés ce soir.
Le lendemain en plus des troncs toujours innombrables, commence le calvaire du portage des coques et du matériel sur les rapides. Six ou huit hommes par embarcation et deux par moteur hors bord, les mains crispées sur le bord aluminium humide, les pieds cherchant leur prise sur les roches glissantes. Le poids des bateaux creuse nos épaules, comprime nos vertèbres.
Puis c’est le moment du halage. Les embarcations sont de nouveau à l’eau, mais nous les gardons amarrées par de longues cordes. Depuis la berge rocheuse, nous tirons de toutes nos forces, guidant les pirogues entre les rochers. Les cordages entaillent la paume de nos mains.
« Attention ça glisse ! » prévient quelqu’un.
Trop tard. Le pied dérape sur une pierre verdâtre. On s’effondre, entraînant souvent les compagnons dans la chute.
Après deux heures d’efforts acharnés, nous retrouvons enfin des eaux calmes. Épuisés, trempés, les muscles tétanisés, nous nous affalons dans les bateaux. Mais dans nos yeux brille la satisfaction d’avoir avancé.
Les berges de la rivière n’étant pas très accessible, nous faisons halte au beau milieu du cours d’eau pour notre pause de midi. Le courant étant faible, un banc de sable sous 10cm d’eau offre la possibilité d’y poser nos tables et sièges pliants. Il est temps de reprendre des forces ! Nous prenons « un repas flottant », qui est également l’occasion de redresser nos hélices de moteur qui sont mises à rude épreuve.
Lors du passage d’un tronc mal négocié, l’avant du bateau se cabre plus qu’à l’accoutumé permettant à l’eau de s’engouffrer par l’arrière de l’embarcation avalé par le courant. Tout bascule brutalement, l’eau monte instantanément et des centaines de litres font naufrager l’esquif. Le moteur, immergé, rend l’âme dans un dernier soupir métallique.
L’urgence est absolue. Tout le matériel en quasi flottaison est déchargé et nous entreprenons le renflouage à l’écope.
Le plus critique est le moteur hors-bord. Nous entamons sa remise en état. Démontage partiel, séchage des bougies, purge du carburateur de l’eau boueuse. Après une demi-heure d’efforts acharnés, un dernier coup de tournevis, un tirage de corde et un toussotement, puis un rugissement familier. Le moteur est reparti.
Nous sommes au bout du périple : La savane roche Annabel. C’est une zone où le socle granitique affleure à la surface, formant une vaste dalle de roche nue au cœur de la forêt. Ce sont des milieux extrêmes, soumis à une chaleur intense, la surface pouvant dépasser 60°C. Malgré ces conditions hostiles, les savanes roches abritent une biodiversité très spécialisée et souvent endémique. Elles apparaissent comme de véritables îles rocheuses au milieu de la jungle. Leur importance est à la fois écologique et géologique, constitué de roches parmi les plus anciennes du continent Sud-Américain.




















































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































